La coopération et l'exemple d'Origodes

Le sieur Sévérian Malissec ne perdait pas une occasion de faire savoir qu'il soutenait l'Union des modérés et qu'il était même candidat aux sénatoriales ; à ses employés, à ses proches, à ses clients. Ce riche banquier privé d'affaires faisait encore de la résistance à la Banque impériale qui ouvrait dans tout autour de la ville des succursales, remplaçant les défuntes caisses de dépôt et autres machines à spéculation. Droit dans son costume défraîchi et ses chausses montantes, le vieil homme ne perdait pas le sens de la formule et encore moins celui de l'argent. Depuis plusieurs mois il finançait des agriculteurs et des artisans de toute la Préfecture qui cherchaient à constituer des associations sans patron. L'objectif était finalement de reprendre l'idée ancienne des corporations et de la réactualiser au XVIII^e siècle.

Dès lors, il n'avait pas hésité à appuyer auprès des caciques de l'Union des modérés le besoin d'un cadre légal pour ces associations qui constituaient de véritables sociétés d'un genre nouveau et pourtant si ancien à la fois. Cela avait fait naître un article du programme en douze points qui revenait à rendre publique l'existence de ces coopératives.

Il avait fait le tour de la dizaine d'associations qui s'étaient formées grâce à son soutien financier et ses encouragements sans faille. A ceux là, il répétait sans cesse « soutenez-moi et vous pourrez exercer correctement ». Son message accusait un accueil favorable et à chaque fois il repartait plus réconforté dans son idée d’offrir à l’Empire une nouvelle dynamique économique. Sévérian Malissec le savait, il avait toujours eu du flair pour cela, Origodes voterait pour l’Union des modérés, à l’instar du reste de l’Empire.