Dans la famille Hautelier, aucun homme n’avait jamais exercé un métier autre qu’homme politique ou que militaire.
Charles était donc le premier à innover, même s’il exerçait la prestigieuse fonction de sénateur. Après un an passé à fonder son entreprise, à obtenir l’ensemble des autorisations et à embaucher du personnel, les « Chantiers navals Hautelier » étaient enfin opérationnels.
Le sénateur avait étudié toutes les possibilités qu’offrait le marché économique actuel et conclu que la construction de navires était une activité porteuse. Les tensions actuelles allaient faire sa fortune, même s’il avait déjà amassé des sommes colossales de sesterces belondaures grâce à la bourse.
Il s’était trouvé une devise qui convenait parfaitement à l'entreprise et à la situation actuelle : « guerre rime avec bonnes affaires ». Certes ce n'était pas - du moins pas encore - la guerre mais les tensions entre les différents blocs était de plus en plus fortes.
Il restait néanmoins discret et ne montrait pas à tout Elbêrönith ses richesses, son appartement dans les quartiers chics de la ville et son manoir de province. Sa fortune ne devait même pas atteindre le centième de celle de la famille impériale ou de certaines grandes familles marchandes mais il s’en sortait très bien .Charles Hautelier était l’un de ces nouveaux fortunés du Second Empire qui avait fait fortune grâce aux diverses combines boursières, il avait su acheter et vendre au bon moment.
Entouré des principaux cadres de l’entreprise, le directeur coupa le ruban de l’atelier de construction de Beneline, ville située au nord-ouest de l’Empire. En coupa le ruban rouge, un sentiment de satisfaction envahi Charles, il avait réussi.
Il coupa une nouvelle fois un autre ruban, celui du siège de l’entreprise à Elbêrönith où étaient aussi situés les ateliers de conception. Dès demain, des centaines d’ingénieurs ou encore de banals balayeurs allaient envahir le siège et les ateliers.
Le nouvel arrivant sur le marché économique s’attendait à une commande du Ministère de la Guerre dans le mois, les chantiers navals se faisaient rares en Belondor et les CNH avaient pour ambitions d’atteindre des vitesses de production jusque là inégalées grâce à environs neuf cent ouvriers sur le site de Beneline.
Les premiers prototypes – dont les plans avaient été entamés durant la période de fondation de l’entreprise - allaient être terminés dans une ou deux semaines et seraient présentés au public la semaine suivante.