Empire de Belondor
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Bienvenue sur le forum de l’Empire de Belondor, micronation virtuelle s’inspirant du Premier et du Second Empire français.
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 

 Le dernier voyage du charbonnier

Aller en bas 
AuteurMessage
Erasmus Nerym
Modérateur
Modérateur
Erasmus Nerym


Messages : 126
Date d'inscription : 30/09/2012
Age in-lude : 100
Localisation : Elbêröhnit
Prénom ex-lude : JC

Le dernier voyage du charbonnier Empty
MessageSujet: Le dernier voyage du charbonnier   Le dernier voyage du charbonnier EmptyLun 12 Aoû - 16:12

Cette fin d’après-midi d’été dans la capitale belondaure était bien différente des précédentes. Un climat fort mauvais en provenance de la Russlavie avait recouvert Elbêröhnit d’un sinistre capuchon de nuages gris boursouflés crachant leurs eaux malsaines sur de belles avenues pavées, précipitant la fuite des flâneurs habituels et marchands à l’étalage.
Pourtant, un cabriolet capoté venait de s’extraire d’une porte cochère du palais Ceronine II.
Roulant au trot, la voiture bifurqua rapidement en direction des limites de la ville et entra bientôt dans l’un de ses plus beaux quartiers. Le cheval s’arrêta à l’extrémité d’une petite ruelle charmante dont le cul-de-sac n’avait pourtant rien de rassurant. Un grand portail en fer forgé noir — couverts de battants de métal tant et si bien qu’il était difficile d’y voir au travers  — trônait entre deux grandes colonnes à l’esthétique sobre. Les murs qui en surgissaient, tout aussi grands et froids, donnaient à l’endroit un air peu accueillant.

Sans dire mot, une silhouette drapée d’un grand manteau noir s’extirpa du véhicule en laissant quelques sesterces sur la banquette. Il s’approcha de la porte menaçante et tira trois fois une chaînette. Le portail s’entrouvrit aussitôt et apparût un vieil homme vêtu en domestique. Un parapluie dans la main et une lanterne dans l’autre, il regarda longuement le visage du nouvel arrivant ruisselant sous l’averse.


- " Bienvenue, Votre Altesse. "

L’invité pénétra dans la propriété, chacun de ses pas faisant gémir le gravier blanc conduisant jusqu’à la demeure.
Et quelle demeure ! Un manoir du Premier Empire aux dimensions considérables, recouvert d’un lierre que personne ne semblait entretenir. Dissimulée par la végétation et montrant plusieurs signes de fatigue, la maison avait une allure angoissante et sinistre.
Pourtant, nul doute qu’elle avait connue des heures heureuses. Que de soirées splendides avaient dû se succéder entre ces quatre murs ! Le parc, très grand, semblait batailler ferme pour reprendre le contrôle sur l’homme, mais quelqu’un ou quelque chose l’entretenait encore un minimum, comme le prouvaient les massifs de rosiers que l’individu au manteau croisa au bas du grand escalier menant à la porte d’entrée.
Naturellement, le valet remarqua le regard curieux de celui qu’il venait d’accueillir.


" Votre Altesse me croirait-elle si je lui disais qu’il y a 60 ans, ce domaine était en campagne ? Des champs de blé et quelques prairies entouraient le manoir. Puis Elbêröhnit a grandi et Monsieur a fait bâtir cette enceinte. "

Il introduisit à cet instant une grosse clef dans l’épaisse porte ciselée, l’ouvrit, laissa entrer le mystérieux personnage, puis referma minutieusement derrière lui.
Sans attendre, il lui prit son pardessus et son chapeau et agrippa un chandelier.


" Votre Altesse. Monsieur sera… heureux de vous rencontrer. Je vous saurais gré de ne toucher à rien et de bien vouloir me suivre. "
Revenir en haut Aller en bas
Erasmus Nerym
Modérateur
Modérateur
Erasmus Nerym


Messages : 126
Date d'inscription : 30/09/2012
Age in-lude : 100
Localisation : Elbêröhnit
Prénom ex-lude : JC

Le dernier voyage du charbonnier Empty
MessageSujet: Re: Le dernier voyage du charbonnier   Le dernier voyage du charbonnier EmptyMar 13 Aoû - 17:05

L’invité ne broncha point et se contenta de suivre la lueur ocre des chandelles dansant lentement sur les meubles alentours. Il faisait malgré tout très sombre : la plupart des volets étaient clos, d’autres seulement entrouverts, ne laissant passer que la pâle lumière crevant le mauvais temps. L’homme put cependant remarquer que la plupart des meubles  rencontrés étaient recouverts d’une housse  blanche poussiéreuse, signe qu’ils n’avaient plus trouvé leur utilité depuis bien des années.

Après avoir gravi un escalier monumental et emprunté plusieurs couloirs au parquet gémissant, le duo s’arrêta devant une double porte blanche aux poignées ouvragées. Un battant mal fermé laissait entendre le crépitement caractéristique d’un feu de cheminée.
Le domestique entra le premier et annonça le nouvel arrivant.


- " Son Altesse de Bordebon. "

Une réponse étouffée se fit entendre, puis on laissa entrer le visiteur. Le vieil homme se retira. Instinctivement, Hadrien fit deux pas en avant.

A quelques mètres de lui se tenait assis devant l’âtre rougeoyant un homme à l’embonpoint manifeste. Ses cheveux blancs et sa barbe de la même teinte trahissaient un âge avancé bien qu’il ne porta que peu de rides. Il était habillé d’une robe de chambre en velours bleu et orné d’un plastron doré cerclant les lettres " E " et " N ".
Enfoncé dans un fauteuil aux larges rebords contre lequel reposait une canne, il fixait un grand portrait au-dessus de la cheminée et ne  détourna même pas la tête lorsque la porte se referma.


- " Eh bien, Altesse, je vous écoute. "

Le ton était dur, la voix profonde. Faisant fi du manque d’amabilité de son hôte, le prince prit la parole.

- " Monsieur Nerym ! Vous fûtes bien aimable d’accepter ce tête-à-tête. J’apprécie votre accueille et votre affabilité, Excellence. "

- " Vous n’en pensez pas un mot. Allons, venez-en au fait, je suis fort occupé. "

Hadrien se permit de douter intérieurement de cette affirmation. Son interlocuteur ne recevait personne et n’avait plus de bureau à l’Echiquier ni même aux Nerym-Vanès Industries.
Il poursuivit toutefois avec le même flegme.


- " Les derniers évènements internationaux ont fait beaucoup réfléchir Sa Majesté et Son Conseil. En particulier, la formation de la Triple-Alliance et la guerre en Laurasie semblent avoir rabattu les cartes du monde connu. Plus que jamais, le Belondor est au-devant de la scène et devient un élément incontournable dans les négociations entre puissances économiques et militaires.

Mais avec le pouvoir viennent les responsabilités… Et il s’avère que l’une des responsabilités premières de Sa Majesté est la protection et l’expansion du syisme. "

Erasmus tourna lentement les yeux vers le jeune homme. Très pieux comme le prouvait le brassard noir, signe de deuil syiste, qu’il portait éternellement au bras gauche, il avait doublé ses promenades solitaires jusqu’à la chapelle du parc, sentant qu’approchait la Grande Fin.

-" Que voulez-vous dire ? "

Hadrien sortit une missive cachetée de son veston et la présenta à l’ancien Architrésorier.

-" Le devoir et la sagesse m’empêchent d’en dire plus. Vous trouverez dans ce pli vos réponses. "

D’un geste nerveux, le maître des lieux défit le sceau de cire rouge et lut les quelques lignes. Puis il poussa un long soupir et jeta le papier dans les flammes mourantes de la cheminée.

- " Allons, Altesse… Regardez-bien ! Je traîne 90 longues années derrière ma silhouette chancelante. Ce que l’on demande de moi est infaisable. "

- " Vous avez pourtant récemment visité seul une lointaine cousine près de Burdigeaux. Et vos longues marches quotidiennes dans vos 5 hectares de forêt, parfois ponctuées de baignades dans l’étang et de parties de jeu de paume, sont de formidables gages sur votre état de santé extraordinaire. "

- " Ma foi, je dirai à Philippe de faire agrandir de quelques mètres encore l’enceinte et d’y ajouter des molosses zollernois.  En attendant, je vous le redis, je ne suis pas disposé à répondre favorablement à votre requête. "

Hadrien s’inclina légèrement et fit mine de se retirer, dissimulant un faible sourire.

- " Ah, cher monsieur, je me devais aussi vous prévenir que l’autre candidat potentiel n’est autre que le sieur Abelin Gragnard. Il sera vraisemblablement heureux d’accomplir cette tâche importante de la manière la plus digne et professionnelle qui soit. "

Un bruit sourd retentît, Erasmus semblant s’être levé d’un bond.

-" Abelin ? Du ministère de la Justice ? "

- " En effet, lui-même. "

Le riche industriel s’approcha d’un pas rapide de l’héritier des Bordebon. Son visage avait pris une teinte rouge, retenant tant bien que mal d’exploser de colère.
Il abattit violement sa canne contre la porte, signifiant au jeune prince de ne plus avancer.


- " Ce véritable butor ? Ce benêt incapable ? Il devra enjamber mon corps brisé et ensanglanté avant de recevoir une telle responsabilité. Vous m’entendez, Altesse ? "

- " Dois-je en conclure que… "

Effectuant de grands mouvements de bras agacés, l’ancien commis de l'État invita Hadrien à s’assoir sur la grande table à proximité. Il agrippa un cordon situé près de la cheminée et le tira trois fois.

- " Oui, j’accepte, Votre Altesse, j’accepte. Mais seulement par devoir ! Et vous allez rester pour le dîner de ce soir…

En attendant, où est passé Philippe ? Philippe ? "

Hadrien s’assit enfin, soulagé.
Il rentrerait au palais dans la nuit, communiquerait le résultat de cette curieuse entrevue à Sa Majesté, et organiserait ses derniers préparatifs avant de retrouver les membres de son Chapitre rassemblés quelque part au sud du pays.
Revenir en haut Aller en bas
Erasmus Nerym
Modérateur
Modérateur
Erasmus Nerym


Messages : 126
Date d'inscription : 30/09/2012
Age in-lude : 100
Localisation : Elbêröhnit
Prénom ex-lude : JC

Le dernier voyage du charbonnier Empty
MessageSujet: Re: Le dernier voyage du charbonnier   Le dernier voyage du charbonnier EmptyVen 16 Aoû - 17:46

Le discret fiacre dont Erasmus avait loué les services s’arrêta devant l’Hôtel des Trois Frégates, à Burdigeaux, très tôt dans la matinée. L’établissement se trouvait légèrement en retrait sur les hauteurs de la ville, offrant une vue imprenable sur la rade bouillonnante d’activité et la vaste Mer Océane. Sortit alors un valet qui vint décharger les affaires du riche industriel pour les amener dans sa chambre. Au même moment, un jeune homme se présenta à la porte de la voiture pour aider l’occupant à s’en extraire.

- " Votre Altesse ? Que vous faîtes-vous donc ? Ne vous épuisez pas pour un vieux monsieur, laissez ! "

- " C’est un réel plaisir, point d’inquiétude. Donnez-moi votre bras ! "

Ils se remercièrent puis se saluèrent convenablement avant de se diriger vers l’entrée. Erasmus se retourna néanmoins un instant afin de contempler le port.

- " Cela doit faire 11 ans que je n’étais pas revenu, Altesse."

- " Excellence, je ne saisis toujours pas la raison qui vous fit préférer cet hôtel au palais ducal. J’aurai dressé une table de mets fins et goûteux de la région, tout ce que vous appréciez. "

- " Il n’y a probablement pas d’explication rationnelle autre que le fait qu’un Nerym ne s’endette jamais. Voilà ce que l’on disait dans la famille… Et pourtant, nous étions parmi les plus pauvres et crasseux des pires ruelles d’Elbêröhnit ! "

Hadrien acquiesça.

- " Vous ne vouliez pas vous sentir obligé de retourner l’invitation, c’est donc ça ? Je comprends, vous avez assez donné de votre personne autrefois pour vous accorder du répit dans votre retraite. "

- " Eh bien, je note que nous nous comprenons… Mais dîtes-moi, que font tous ces navires de guerre en contrebas ? "

- " Ce sont les vaisseaux de mon chapitre de l’Ordre de Saint-Sevan. Ils se ravitaillent et préparent un départ prochain. Apercevez-vous cet imposant croiseur cuirassé, à droite ? Il s’agit du vaisseau amiral sur lequel nous naviguerons vers notre destination dès que Sa Majesté en aura donné la consigne. "

Ils reprirent leur marche et entrèrent finalement dans le vestibule de l’hôtel. Suivirent quelques salutations et bavardages de circonstance avec le personnel, puis ils s’assirent dans le fumoir et commandèrent des rafraichissements. Deux soldats en uniforme belondaure vinrent s’installer à l’écart, mine de rien.

- " Ces messieurs sont mandatés par l’Empereur pour assurer ma protection. En réalité, ils assurent la surveillance de mes faits et gestes et rapportent directement à la Police générale. Vous excuserez par conséquent leur manque de civilité et de loquacité. "

- " Sa Majesté ne vous fait pas confiance ? "

- " C’est un peu plus compliqué que cela, Excellence, j’en ai bien peur. Être né Bordebon n’est pas une chose aisée, et en être le chef de lignée présomptif l’est encore moins. Dans son for intérieur, je crois que Sa Majesté a réalisé qu’Elle n’avait rien à craindre. Nous avons grandi ensemble, bien que dans des conditions fort différentes, et l’Empereur ne s’est jamais senti méprisé ni trahi par moi-même. Cependant, la raison d’Etat et les intérêts du trône ne sauraient tolérer de trop grandes faveurs à l’égard d’une lignée qui, à plusieurs reprises, tenta de renverser le système actuel. C’est une réalité avec laquelle il me faudra vivre jusqu’au bout. "

Les premières impressions d’Erasmus sur son interlocuteur furent alors confirmées : cette Altesse était dotée d’une maturité, d’un esprit rationnel étonnant pour son jeune âge. Il préféra néanmoins ne pas maintenir la conversation sur un sujet si sensible et s’élança très diplomatiquement sur une matière plus superficielle.

- " Altesse, il se dit que vous venez de fêter des noces en petit comité. Votre épouse serait l’héritière d’une ancienne famille ducale d’Eslagne, n’est-ce pas ? "

- " Voyez-vous, Excellence, tout se déroula dans une certaine précipitation, les clercs syistes ne pouvant se marier qu’avant leur ordination sacerdotale. Il fallait de surcroit empêcher tout rassemblement en liesse devant la chapelle, ce que les services de sûreté belondaures n’auraient pas du tout apprécié. La discrétion et l’humilité sont les deux exigences cardinales d’un Bordebon ces temps-ci. "

On leur apporta les boissons et la conversation se poursuivit jusqu’à midi, lorsqu’Erasmus demanda à prendre congé afin de se reposer quelque peu. Pour nos deux hommes, la suite des événements était suspendue au bon vouloir de Sa Majesté. Ils devaient attendre le télégramme du Palais Ceronine II, sans lequel le départ de la flottille syiste ne serait possible. Du point de vue d'Erasmus, peu importe le temps que cela prendrait : sa vieille charpente ne pouvait qu’apprécier les bienfaits de l’air marin et du soleil de la préfecture de Veledris.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Le dernier voyage du charbonnier Empty
MessageSujet: Re: Le dernier voyage du charbonnier   Le dernier voyage du charbonnier Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Le dernier voyage du charbonnier
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Empire de Belondor :: ELBÊRÖHNIT :: Autres lieux de la capitale-
Sauter vers: