La naissance d'une puissance navale insulaire

Une intense activité agitait les arrondissements côtiers de la capitale.
Des forçats enchaînés creusaient de vastes fosses dans la vase en face des terrains prévus pour les futurs chantiers navals des Mers du Sud. d'autres détenus se chargeaient ensuite de réutiliser le matériau pour former de nouveaux quais. Il avait été décidé de grands travaux dans le but de construire un arsenal complétant les installations des futurs chantiers navals civils de la CNMS. Deux formes de radoub, une large cale ainsi qu'un long quai prenaient forme peu à peu.

Au pied des quais, deux bataillon du guet de la MNA tentaient de raisonner les habitants récalcitrants des taudis qui se faisaient exproprier. A quelques mètres, des manoeuvres s'affairaient déjà à mettre à bas les murs de brics et de brocs ou de pisé. La basse-ville bruissait déjà des échos d'une émeute naissante à mesure que les familles miséreuses entreposaient leurs maigres possessions dans les venelles. Un peu plus loin, des maçons s'activaient à monter de gros moellons pour former l'épaisse enceinte qui allait délimiter les nouveaux chantiers navals néo-argenois.

La ville-haute n'était pas épargnée : de fortes détonations retentissaient à quelques centaines de mètres du palais du Pic. Le génie militaire perçait la falaise surplombant Port-Habsbourg afin de creuser les fondations de la future batterie de canons qui protégerait l'enceinte portuaire.

Le dispositif défensif devait être complété par une lourde chaîne en acier que des hommes de la capitainerie halaient péniblement à travers le port dans une barque. Un cabestan, non encore installé, devait permettre de tendre cette chaîne de part et d'autre des quais afin de permettre ou d'interdire à loisir l'entrée des navires.

Incontestablement la nouvelle-Argentorate se préparait à un futur conflit.
Marksane, devisait avec les membres de son cabinet et des uniformes verts de la MNA. La longue rayure blanche, et non rouge comme d'habitude, sur la tranche de leur pantalon, signalaient qu'ils étaient officiers de marine.

- "Messieurs, les installations doivent être prêtes d'ici un mois. C'est un objectif ambitieux, mais j'attends de vous l'emploi de toutes les mesures nécessaires pour le tenir. La menace de conflit qui plane en Édredonie s'étendra à la mer Océane si les séparatistes sorabes s'en mêlent.
Il est vital pour l'île de maintenir la sécurité de ses vaisseaux et l'intégrité de ses eaux.
Nous devons doter les forces armées d'une flotte capable de seconder les vaisseaux belondaures. Nous ne pourrons compter sur eux pour assurer la maîtrise des caps quand toutes les forces navales seront mobilisées au nord.

Vous aurez les mains libres sur l'arrondissement Port-Habsbourg, étant donné mon statut de conseiller de l'arrondissement portuaire."