« Le Connétable de l’Empire vient de prouver aujourd’hui la formule selon laquelle un militaire est là pour obéir aux ordres et non pas pour faire de la politique ; donnez-lui la parole et il fera autant de dégâts que si vous lui confiez cent canons. »

« Le Connétable de l’Empire vient de prouver aujourd’hui la formule selon laquelle un militaire est là pour obéir aux ordres et non pas pour faire de la politique ; donnez-lui la parole et il fera autant de dégâts que si vous lui confiez cent canons, en tirant aussi bien sur l’ennemi que sur ses propres hommes. »

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Le Patriote : Excellence, merci de nous accorder de votre temps pour évoquer avec vous la campagne sénatoriale et plus particulièrement les déclarations du Grand Dignitaire de l’Empire, Archibald de la Villejégu, président du Rassemblement conservateur.

Etzel Calpunien : Cela me semble nécessaire pour laver l’affront fait à ma formation. Si je n’ai pas pour habitude de délaisser les affaires de notre Nation pour parler politique lorsque je suis au Palais [Ceronine II], il me semble important d’étouffer les mensonges le plus rapidement possible et de rétablir la vérité sur notre action et notre engagement.

Le Patriote : Le Connétable de l’Empire a eu des mots très durs envers l’Union des modérés, qu’il accuse de reprendre la même ligne politique que celle des libéraux et des républicains à l’origine de la Fronde d’Elbêröhnit et plus largement de la Guerre de Sécession ; qu’avez-vous à répondre à cela ?

Etzel Calpunien : Que je m’attendais à un peu plus de hauteur et de respect de sa part. Les accusations portées par Archibald sont très graves et je reste surpris devant de tels propos. Je tiens à revenir sur les mots qu’il a eu, qui, je les cite de mémoire, affirment que notre programme faisait « renaître les idées libérales et socialistes qui ont fait tant de mal à l'Empire » et que « ces gens », donc nous, « défendent des idées qui étaient celles des traitres qui ont assassiné l'Empereur Nabelnine I^er ».
Je constate que l’analyse faite par monsieur Victor Debreil dans son périodique d’hier était des plus justes : le Rassemblement conservateur et le Parti impérial ne peuvent rien proposer d’autre que de faire la guerre, que ce soit sur le champ de bataille ou dans la presse. Ils représentent la politique rétrograde et archaïque qui elle, fait du mal à notre pays car ne cherche pas à défendre notre pays mais taille en pièce ceux qui proposent et agissent.

Le Patriote : Pour rappel, si tant est que cela soit nécessaire, vous avez nommé l’actuel Maréchal d’Empire au grade de Général des Armées lors de la Fronde d’Elbêröhnit alors que vous commandiez la reprise de la Patrie des mains des frondeurs et sécessionnistes et avez ensuite été à l’origine du sénatus-consulte ayant permis l’émancipation de Sa Majesté Nabelnine II alors âgée d’un peu plus de seize ans.

Etzel Calpunien : Exactement. Je pense que le Connétable de l’Empire vient de prouver aujourd’hui la formule selon laquelle un militaire est là pour obéir aux ordres, et non pas pour faire de la politique ; donnez-lui la parole et il fera autant de dégâts que si vous lui confiez cent canons, en tirant aussi bien sur l’ennemi que sur ses propres hommes.
Notre programme répond aux préoccupations actuelles du peuple de Belondor. Je m’attriste de constater que la pensée de nos concurrents soit si rétrograde et ne veuille pas que nous tournions la page des années difficiles que nous avons eu à connaître avec les guerres successives qui ont paralysé notre pays. Aujourd’hui, nous devons faire l’effort d’aller de l’avant et de bâtir la Nation de demain. Cela passe notamment, à notre sens, par le renouvellement de nos engagements envers le monde ouvrier et agricole qui constitue la force vive de l’Empire. Tous ces travailleurs servent l’Empire avec autant d’engagement et de volontarisme que n’importe qui d’entre nous et il me semble normal de leur rendre justice.

Le Patriote : Votre programme a arrêté une série de mesures qui devraient permettre d’abaisser le temps de travail hebdomadaire, de mettre en place des congés payés, d’instaurer un salaire minimum à 72 sesterces par mois ou bien encore de favorisation les coalitions et le développement d’entreprises coopératives. Pensez-vous que ces mesures soient réalisables ?

Etzel Calpunien : Ces mesures sont tout à fait réalisables et résultent d’une nécessaire modernisation de notre environnement économique. Prenez le cas des retraites ouvrières, le sort des maisons aux œuvres sociales, des réserves de protection sociale dans certaines professions, tout cela résulte de la politique que j’ai toujours défendu et qui demandent des révisions constantes pour rester au plus près des nécessités de notre temps. Avec l’urbanisation et l’industrialisation du pays, la question de favoriser les conditions de travail et de vie de dizaine de millions de nos concitoyens est essentielle. Dire que nous agissons de la même façon et dans les mêmes buts que ceux qui ont causé la disparition de feu Sa Majesté Nabelnine Ier est au mieux une erreur, au pire le signe d’une profonde stupidité. Toutefois, je me garderai bien de vous donner mon avis sur ce point.
Dès lors, il appartiendra aux Grands Dignitaires en charge de ces problématiques de considérer l’opportunité de ces propositions et de garantir la discussion et le débat dans les arcanes du pouvoir sous le contrôle de Sa Majesté l’Empereur à qui reviendra la décision finale.

Le Patriote : Pensez-vous que Sa Majesté l’Empereur voit d’un bon œil ces propositions ?

Etzel Calpunien : Je ne me permettrai pas de répondre en son nom mais une chose est sûre, je ne pense pas qu’elle apprécie de voir les formations politiques s’adonner à une telle bataille de mots. L’unité et la concorde sont nécessaires pour construire le Belondor de nos enfants. Dès lors, il appartient à l’Empereur de définir son projet pour l’Empire. Malgré son jeune âge, Sa Majesté Nabelnine II a tout d’un excellent dirigeant et reste le souverain le plus écouté sur la scène micromondiale. Dès lors les élections passées et le partage des sièges opéré, nous pourrons clairement projeter les réformes à conduire.

Le Patriote : Finalement, beaucoup de bruit pour rien ?

Etzel Calpunien : C’est la pétarade propre aux partis archaïques : ne rien proposer mais attaquer ceux qui agissent. Je laisse les commentateurs commenter et je participe avec les autres acteurs de la vie politique à agir pour le bien de la Couronne et de l’Empire. Je remercie par ailleurs Sa Majesté l’Empereur pour tout ce qu’elle fait pour notre pays.

Le Patriote : Excellence, merci d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien. Nous n’abuserons pas plus de votre temps, vous semblez attendu.

Etzel Calpunien : Je vous remercie à mon tour d’avoir proposé cet échange et d'avoir fait le déplacement jusqu'au Palais [Ceronine II] que je ne pouvais pas quitter aujourd'hui. J’ai en effet souhaité organiser une réunion de travail qui devrait terminer tard dans la nuit. Si la politique dure un temps, le dévouement à l’Empereur et l’Empire ne connait quant à lui aucun repos.