Cancraces, le soubresaut modéré ?

Cancraces demeurait dans l'esprit populaire la ville qui avait été aux mains de Charles III de Bordebon pendant la Guerre de Sécession et qui s'était battue pour empêcher sa capture par les troupes impériales. La grande ville du sud vivait dans l'ombre d'Ecosient qui bénéficiait d'une visibilité internationale grâce à son port.

Toutefois, avec les travaux de modernisation et de développement des infrastructures, le souhait de Nabelnine I^er avait été de favoriser les connexions entre les grandes villes par tous les modes de transports. Et justement, entre Veledris et Ecosient, l'Union des modérés entendait bien faire peser Cancacres.

Investi par le parti, Pierron Bativel, négociant en denrées alimentaires entandait bien faire peser sa voix de toutes ses forces. Depuis quelques années, le poids du Parti impérial était en déclin dans l'agglomération et si Burdigeaux distante de cent kilomètres était encore fidèlement ancrée parmi les plus rigoristes, la grande Cancacres s'ouvrait peu à peu aux idées nouvelles.

A force d'argumentation, Pierron voulait défendre l'idée d'une imposante gare desservant un centre industriel neuf. L'intérêt par suite était d'accroitre la taille du port de Burdigeaux pour ne plus devoir compter uniquement sur Ecosient et Beneline pour le transit de marchandises. Chasselac tout au sud pourrait aussi tirer partie de cette redistribution des cartes pour accroître son activité.
Le rêve semblait fou, presque irréaliste, mais intéressait les industriels de la zone qui pourrait peut-être un jour concurrencer la lointaine et pourtant si puissante Ecosient.

Les réunions publiques se comptaient à deux par jour durant le temps de la campagne dans tout Cancraces et sa périphérie. Sûrement que ces élections sénatoriales marqueraient le soubresaut modéré qu'il manquait depuis longtemps à la ville.