Depuis plusieurs années, Vanès Industries employait des moyens conséquents pour rattraper son retard sur le transport aérien. Le Bureau D'Étude Technique d'Armement (Bd'ETA) de l'entreprise avait rendu un rapport définitif sur un premier vol grandeur nature devant servir de test pour le lancement d'une première série de prototypes à usage militaire. Si Beren Vanès avait voulu se saisir des élections sénatoriales pour faire un essai public, la météo et la logistique avaient été contre lui. Il avait donc dû patienter un mois supplémentaire avant de pouvoir espérer voir décoller un aérostat au-dessus d'Elbêröhnit.
Le 10 Constantine au matin, de nombreux ingénieurs et quelques militaires se rendirent en périphérie d'Elbêröhnit chargés d'un équipement conséquent. Beren Vanès lui-même avait fait le déplacement, ses binocles accrochées sur son nez ne perdant pas de vue le convoi qui se formait sur la route. Puis, 11 heures venues, tout le monde s'affaira au pied d'une butte en haut de laquelle une tour radiographique avait été construite l'année passée. Demi-heure après demi-heure, une foule de plus en plus nombreuse s'agglutina sur le versant de la butte et au pied des toiles que l'on gonflait au gaz. L'entreprise prit près de 3 heures mais donna un résultat convenable. Interpellés par des connaissances, le bouche à oreille avait fait venir plus d'un millier de personnes. Nombreux étaient les enfants qui avaient décidé de faire l'école buissonnière et de se rendre témoin de cet étrange spectacle.
Autour de chaque aérostat un cordon avait été mis de sorte que personne ne puisse venir empêcher les ingénieurs de travailler. Beaucoup gardaient en mémoire ce qu'il était advenu du Grand-Duc d'Hollyade peu avant sa mort et personne ne voulait qu'un fanatique ne mette le feu aux toiles qui embraseraient tout le monde. Beren Vanès attendait avec l'impatience qu'on lui connaissait, il prendrait place dans l'un des deux aérostats et survolerait la capitale pendant près de deux heures, une première!
" Que l'on marque cette journée d'une pierre blanche car elle restera à jamais gravée dans les livres d'histoire. Nos jeunes écoliers se souviendront du 10 Constantine 2715 comme le jour où Vanès Industries a fait voler deux aérostats au-dessus d'Elbêröhnit. "
Beren Vanès avait surtout prévu une surprise. Il avait fait imprimer plus de dix milles feuillets louant son entreprise et visant à étouffer les critiques de son rachat des Industries Nerym. Le document devait asseoir une fois pour toute la domination de l'entreprise sur la scène économique belondaure voire internationale.
Après quelques ennuis techniques, il prit enfin place dans le Vanès TA1 accompagné d'un collaborateur et de deux ingénieurs et débuta l'ascension au-dessus de la butte. Le voyage devait durer trois heures en tout.
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