Circonspection chez les conservateurs...

Circonspection, le mot était presque faible. On avait du mal à comprendre, au Rasscon, pourquoi l'Empereur avait choisi, pour reprendre la main, de procéder à un plébiscite constitutionnel. Déjà, on en comprenait mal la raison. Supprimer d'un coup d'un seul le grande maîtrise, l'architrésorerie et le grand électorat, voilà qui était osé ! De même, instituer des élections municipales dans toutes les communes, mais aussi des élections préfectorales, voilà qui semblait indiquer que l'Empereur, comme son père avant lui, voulait libéraliser une fois de plus le régime. Ce n'était pas pour plaire aux conservateurs qui estimaient qu'il y avait là danger pour la stabilité du Belondor et la solidité du régime. Mais l'Empereur avait pris une décision, il fallait s'incliner...

Mais ce plébiscite apparaissait surtout ô combien risqué ! L'administration n'était toujours pas fonctionnelle à 100% et le risque qu'elle soit, en maints endroits, dans l'incapacité d'organiser la tenue du vote était réelle, notamment dans les préfectures d'Alsterdyon et de Marceinne. De plus, le peuple, travaillé par de multiples mouvements et sensible à la propagande des progressistes, voulait avant tout qu'on réagisse au Grand Hiver et qu'on décide d'un plan pour remédier aux difficultés auxquelles il avait à faire. Il y avait fort à parier qu'il se désintéresserait, au mieux, voire pire, serait terriblement déçu, que l'Empereur décide de commencer la sortie de crise par une réforme constitutionnelle qui n'était pas jugée prioritaire par qui que ce soit...

- Bonjour, monsieur le président, dit le sénateur de la circonscription d'Alsterdyon Jacques Hatrius au président – toujours par intérim... – Destunin de Tracy. Vous avez pris connaissance de la décision impériale ? Quelle mouche l'a donc piqué ? Ce n'était vraiment pas la priorité... avez-vous une idée de ce qui lui est passé par la tête ? Qu'en dit son excellence le Connétable ?
- Malheureusement, cher ami, répondit Tracy, nous n'en savons rien. Son excellence n'était pas même au courant de la décision impériale, ni aucun autre grand dignitaire, d'ailleurs... vous n'imaginez pas la surprise de l'Archichancelier quand il a dû promulguer ce décret !
- C'est à ce point ?
- Visiblement, oui. Mais bon. Il ne nous reste plus qu'à appeler à voter oui...