Noblesse et reconnaissance

En vertu de l'article 18 dernier alinéa de la Constitution, l'Archichancelier de l'Empire officiait au nom de Sa Majesté l'Empereur la reconnaissance de noblesse, de blason et d'armoiries. Mais en raison de la campagne électorale et des nombreux déplacements de la Grande Dignité en conséquence, la demande de monsieur Maximilien de Valskius était restée dans un parapheur dans l'attente d'une lecture de l'intéressé.

Après plusieurs jours d'attente, et entre deux réunions, Etzel Calpunien se porta sur la requête en reconnaissance de noblesse.

Courrier à l'adresse de M. Maximilien de Valskius a écrit:

ARCHICHANCELLERIE DE L'EMPIRE

BUREAU DE L’HÉRALDIQUE, PHALERISTIQUE, ETC.

Palais Ceronine II, Elbêrönhit.

À

M. Maximilien de Valskius,
En réponse au dépôt de sa demande en reconnaissance de titre de noblesse et d'armoiries

Le 6 Antonine de l'An Deux Mille Sept Cent Quinze,

Monsieur,

Nous avons pris connaissance de votre demande reconnaissance de titres de noblesse et d'armoiries « gagnés à la sueur de [votre] front et de [votre] travail pour [votre] royaume de naissance ».

Nos services n'ont pour l'heure pu identifier vos armoiries familiales décrites comme suit : « de sable à une licorne d'argenta ccornée et ancornée de même ».
Toutefois, nous n'avons pu établir le moindre titre de noblesse à votre nom dont vous pourriez vous prévaloir ; seules des charges officielles ont été découvertes parmi nos archives mais ne peuvent nous conduire à répondre favorablement à votre requête.

En conséquence, nous souhaiterions vous rencontrer pour un examen de votre dossier. Nous vous prions de bien vouloir vous présenter à notre bureau le Primodine 8 Antonine 2715 accompagné de tout document pouvant faire droit à votre demande.

Restant à votre entière disposition,

Nous vous prions de croire, Monsieur, l'expression de notre plus sincère considération,

Son Excellence Etzel Calpunien,
Archichancelier de l'Empire.

L'Archichancelier de l'Empire avait reçu Maximilien de Valskius dans son salon de réception, attenant à son cabinet de travail. Confortablement installé dans l'un des fauteuils, après avoir convié son invité à s'asseoir, il écouta sa requête avec un vif intérêt. Vraisemblablement, le personnage semblait honnête dans sa démarche et ses services avaient eu l'occasion d'étudier de façon poussée l'histoire du personnage et la véracité de sa requête.

Parcourant le document qui lui venait de lui être transmis, il s'arrêta au pied de la page et constata qu'effectivement, le titre de comte de Chartes appartenait dès lors à monsieur de Valskius.

" Monsieur, je constate effectivement que vous étiez comte de Chartes au sein du royaume de Locquetas. Dès lors, rien ne s'opposerait à ce que vous conserviez votre titre ; bien évidemment, il ne sera qu'honorifique et ne vous permettra de revendiquer aucun privilège, ni bénéfice. Partant, cette reconnaissance démontre toute la considération que Sa Majesté impériale vous porte. "

Appuyant son propos d'un sourire chaleureux, il poursuivit.

" Puis-je vous demander pourquoi avoir quitté le Royaume de Locquetas et pourquoi avoir choisi l'Empire de Belondor comme territoire d'accueil ? et par la même, ce que vous souhaiteriez y faire durant votre séjour ? "

La question, rhétorique, avait pour but de mettre à plat les attentes et souhaits de M. de Valskius permettant ainsi de mieux comprendre ce personnage à la longue expérience passée.

Etzel, qui savait l'importance de ce genre d'entretien se leva pendant l'intervention de son interlocuteur et servit deux verres de vin ardanien qu'il posa sur son bureau, l'un à son endroit et l'autre pour son invité.

Il l'écouta visiblement intéressé et préoccupé avec ce regard qu'ont les gens plein d'empathie. Toutefois, l'Archichancelier de l'Empire était loin de ces personnages larmoyants ; il savait reconnaître l'injustice et la souffrance mais ne se laissait pas pour autant trahir par ses émotions. L'exposé, concis, avait le mérite d'être clair.

Il prit une gorgée de vin et répondit, bloquant son regard dans celui de son interlocuteur.

" Monsieur de Valskius,

Je comprends tout à fait que quitter le Royaume de Locquetas n'a pas été une chose facile pour vous ; je suis moi-même né à l'étranger et y ai vécu jusqu'à la fin de mes études. J'ai toutefois la chance de pouvoir rentrer en Aldarnor sans craindre pour ma vie, et je vous souhaite qu'un jour cela soit possible pour vous également.

L'Empire de Belondor sait utiliser les qualités de chacun pour les mettre au profit du pays tout entier. Si je ne suis malheureusement que d'une aide relative dans le fait de vous aider à trouver votre place parmi nous, sachez néanmoins que votre participation sera très précieuse, quel qu'en soit sa nature et sa durée. Assurément, votre expérience passée saura intéresser Sa Majesté l'Empereur. "