Réunion de campagne au siège du parti

Depuis la veille au soir dans les kiosques de la ville, les entretiens du Connétable et de l'Archichancelier de l'Empire se faisaient face à face. Mais bien au-delà de cet échange musclé entre les deux Grands Dignitaires, c'était ce même tête à tête que l'on retrouvait à travers l'ensemble d'Empire depuis le lancement de la campagne électorale. Le Parti impérial était absent, totalement étouffé par le combat que se livraient modérés et conservateurs. Mal en point depuis son lancement officiel, le parti de Son Excellence Batignoles risquait sûrement d'être rayée du Palais Marmont.

Etzel avait convoqué pour une réunion de campagne ses plus proches collaborateurs aux fins de pouvoir faire le point sur les nouvelles qui arrivaient au siège du parti depuis le Congrès d'Origodes. Les candidats de l'Unimod n'avaient eu que peu de temps pour se préparer et faire campagne et le Président du parti craignait que les choses ne se soient faites trop hâtivement à cause du retard. Il espérait ainsi être rassuré par Henri-Maxime qu'il savait suivre ces informations avec une très grande attention, n'hésitant pas à envoyer des missives urgentes pour orienter la campagne, rassurer les candidats sur un détail et faire remonter les dénonciations de fraude et de corruption qui entachaient déjà certains bureaux de vote.

Pénétrant le premier dans la salle de réunion suivi par des candidats de l'Elbêröhnitois, l'Archichancelier de l'Empire s'installa dans son vaste fauteuil tout en soupirant longuement. Sa nuit avait été brève voire quasiment inexistante et il la fatigue tirait ses traits. Bientôt l'heure du succès ou de l'échec serait au rendez-vous et il faudrait se montrer digne tout en tirant les conséquences adéquates.

Henri-Maxime n'apportait pas que de bonnes nouvelles. Dans sa serviette, il disposait d'un bref aperçu de la situation dans les Préfectures. Après les salutations d'usage, il débuta quelque peu agacé.

L'entretien du Connétable de l'Empire au Dégel est un ramassis de sornettes ! Je me suis demander : comment peut-il nous faire passer pour des républicains et comment les gens pourraient-ils penser que nous les sommes réellement ? La réponse m'a effrayé ! Des électeurs pensent effectivement que nous voulons prôner la laïcisation du pays, la proclamation de la République et que l'on veut mettre à mal l'aristocratie et la bourgeoisie au profit du petit peuple... Comme si on allait se tirer une balle dans le pied !

Il était extrêmement rare de voir HMDP aussi coléreux. Face à lui, les gens peinaient à garder leur sérieux en raison de l'immense veine qui parcourait son crâne chauve et qui était visible à l'autre bout de la table. Elle battait avec vigueur, ce qui donnait au personnage un air effrayant. Voyant bien qu'il s'était emporté inutilement, Henri-Maxime reprit.

J'ai d'excellents retour de tout le pays. Notre campagne se déroule très bien, y compris autour de Marceinne et de Veledris ou nous ne sommes pas en position favorite. L'Ecosientais nous soutient lui aussi, mais ce n'était pas une surprise puisque certains soutiens se délestent de leur argent pour aider les indécis à se souvenir que l'Union des modérés est là pour eux.
Mais je crains que le Rassemblement conservateur bénéficie de l'asphyxie du Parti impérial pour grapiller autant de sièges que nous. Le Sénat risquerait ainsi de se retrouver coincé entre deux blocs, amenés à travailler ensemble à moins de ne se faire la guerre là-bas encore.

Il espérait qu'Etzel confirme qu'il serait question de travailler main dans la main plutôt que de poursuivre des diatribes par journaux interposés. Henri-Maxime voulait en savoir plus sur le suites de l'entretien exclusif du Dégel.

Avez-vous pu rencontrer Son Excellence le Connétable et savoir si les propos rapportés étaient vraiment issus de sa bouche ? Si l'on veut pouvoir justifier de notre action dans deux ans, il me semble nécessaire de travailler avec le Rassemblement conservateur.

L'Archichancelier de l'Empire n'avait pas réussi à croiser son collègue et néanmoins ami, Archibald de la Villejégu. Peut-être que celui-ci s'en voulait d'être allé si loin dans les attaques ad hominem et qu'il n'osait pas venir présenter ses excuses en plein campagne électorale. Eu égard aux enjeux, importants et risibles à la fois, Etzel comprenait mais ne pouvait admettre de telles manœuvres. Il se contenta donc d’une réponse lapidaire sur ce point à l’adresse de son bras-droit, tout en parcourant des yeux le reste des membres présents.

" Je n’ai eu aucune nouvelle de la part du Rassemblement conservateur. À tout le moins m’a-t-on dit que notre réponse, loin d’être excellente, était bonne et servirait à éteindre l’incendie qui sert d’écran de fumée à l’absence d’idées du parti d’Archibald. "

Mais il n’était pas là pour rester là, les bras ballants à attendre que l’élection se fasse. Ce n’était sûrement par la première de l’Archichancelier et encore moins sa dernière ; il était rodé désormais, connaissait les coups bas et savait glisser dessus pour s’attaquer au fond des choses. Soudainement animé d’une envie d’en découdre, il s’élança plein d’entrain.

" Pourquoi ne délivrerions-nous pas le fond de notre pensée ? Un programme, un entretien au Patriote et une profession de foi. Nous ferions le tour de la question une fois pour toute en couchant une nouvelle fois ce qui fait la force de l’Union des modérés. Notre parti doit terminer en tête, c’est désormais une question d’honneur ; je n’accepterai pas que la couardise et les bassesses remportent la mise au nez et à la barbe des idées. "

Tous semblait convaincu, peut-être moins Henri-Maxime qu’Etzel n’arrivait pas à sonder derrière sa moustache. En tous les cas, il lança la discussion et permit de proposer une bout d’une heure une ébauche de profession de foi.

Citation :

C’est par la réunion d’hommes issus de toutes les branches d’activité de l’entendement humain que l’Union des modérés renouvelle sans cesse son soutien indéfectible à la Couronne impériale ainsi qu’à l’Empire et apporte son concours à la construction du Belondor de demain.
Ces hommes, qu’ils soient ouvriers, exploitants des sols et des mers, artisans, salariés, banquiers ou chefs d’entreprise, membres de l’Église syiste d’Occident, de l’administration ou bien encore de la haute-fonction publique ont tous établi le souhait d’offrir leurs idées et leur énergie à la défense de notre Nation.

L’Union des modérés entend ainsi intervenir dans tous les domaines qui nécessitent que soient lancés des débats et des réformes. Son objectif est d’empêcher que des dissensions naissent au sein de l’Empire de Belondor et n’entraînent une situation comparable à celle qu’a connu notre pays voilà huit ans. Nous croyons que c’est en que c’est favorisant le développement social, économique culturel et cultuel de la Nation en son sein et en dehors que nous défendrons le Progrès et la Concorde à travers le micromonde.

Nous souhaitons rehausser les conditions de travail et de vie de celles et ceux qui participent chaque jour à la grandeur de notre Empire. En leur accordant des droits nouveaux correspondant à la réalité actuelle, nous éviterons la fracture sociale et de constituer par la même des clivages menaçant la cohésion et l’unité du pays. Nous défendons ainsi un certain nombre de mesures devant garantir le salut public et la justice sociale et par la même annihiler tout développement à des idées contraires à l’intérêt de la Nation.

Nous souhaitons favoriser le développement économique au sein de l’Empire par une amélioration de la productivité et de l’innovation. Nous souhaitons placer chaque individu devant ses responsabilités et faciliter l’émancipation des sociétés novatrices et respectueuses de l’environnement économique. Par le biais d’une économie d’excellence, nous pourrons développer nos activités à l’export tout en jouissant au sein de nos frontières de produits faisant notre fierté.

Nous souhaitons que l’instruction publique serve la cause humaine en offrant à chacun les connaissances suffisantes pour pouvoir évoluer en société. Nos enfants doivent pouvoir apprendre à lire et à écrire avant que leurs mains ne s’usent par le travail ; c’est en formant à la parfaite maîtrise de notre langue que nous défendrons sa primauté et que nous éviterons l’obscurantisme et les extrémismes. La connaissance ouvre non seulement l’esprit mais il libère des maux les plus terribles que sont la misère et la trahison.

Nous souhaitons enfin que l’Église syite d’Occident soit défendue avec toute la force dont nous pouvons disposer en renforçant son rôle dans l’élévation de notre pays vers le Progrès, la Félicité et la Concorde. Tous les syistes de l’Empire et du micromonde doivent savoir que notre Église professe l’ordre, la morale et la justice. En la défendant, nous assurons la pérennité de notre Nation et la défense de nos valeurs.

A ceux qui travestissent notre engagement et qui cherchent à nous attribuer une politique qui n’est pas la nôtre, l’Union des modérés souhaite leur rappeler que très bientôt la justice naturelle rendra sa sentence et que nous ne sommes aucunement inquiétés par ces calomniateurs. L’Union des modérés combattra toujours les idées socialistes et républicaines et s’efforcera de défendre quel qu’en soit le prix l’Empereur et l’Empire.

Aux indécis et aux réfractaires, nous vous invitons à vous tourner vers les candidats de votre circonscription que s’employeront à vous rassurer et vous montrer que l’honnêteté, la probité et l’envie de participer au débat national fera toujours la force de l’Union des modérés et de l’Empire de Belondor.

Vive l’Union des Modérés, Vive l’Empereur, Vive l’Empire.