Aminiel Dalvanbon ou le tout pour le tout conservateur à Ecosient

À Ecosient, Aminiel Dalvanbon était très connu. Il était un négociant en gros du port et avait plus de 200 salariés sous ses ordres. Ayant laissé les commandes, provisoirement, de l'entreprise à son beau-frère depuis deux semaines, il arpentait Ecosient, depuis des jours et des jours, dans un seul but : faire gagner sa candidature et celle des ses amis du Rassemblement conservateur. Le branle bas de combat avait été sonné par le Connétable de l'Empire lequel, lui-même, ne tarderait pas à tenir une réunion. Mais aujourd'hui, c'était le jour de gloire d'Aminiel. Il avait invité le sieur Vanès à venir en tant qu'ami et celui-ci s'était déplacé, ne s'exprimant pas, mais apportant ainsi un véritable soutien aux idées du Rasscon.

Lorsque Aminiel Dalvanbon se présenta sur l’estrade avec de nombreux feuillets entre les mains, il vit face à lui, dans ce champs en lisière des faubourgs d'Ecosient près de 10 000 personnes face à lui. Quelque peu inquiet, angoissé même, et impression, il n'en devait pas moins accomplir son devoir, c'est-à-dire présenter la profession de foi du Rassemblement conservateur pour séduire les électeurs qui étaient ses concitoyens. Montant sur l’estrade, il ajusta sa veste de costume et prit la parole :

- Mes chers compatriotes, peuple de Belondor ! Nous sommes réunis, ensemble, pour soutenir Sa Majesté, lui montrer que nous l'aimons et que jamais ! Ô grand jamais ! Nous ne nous opposerons à elle, que nous sommes trop bien conscient de ses bienfaits. Nous aimons notre patrie, nous aimons l'Empire, nous aimons nos familles, nous aimons notre Sainte mère l'Eglise, nous aimons notre culture. Nous aimons notre Empereur !

La foule criait et l'applaudissait. Cela commençait bien, et étant ainsi encouragé, il poursuivit :

- Mes chers compatriotes, peuple de Belondor ! Nous laisserons-nous voler notre identité ? Jamais ! Nous laisserons-nous voler notre culture ? Jamais ! Nous laisserons-nous voler notre grandeur ? Jamais ! Nous laisserons-nous voler nos richesses ? Jamais ! Nous laisserons-nous voler notre foi ? Jamais ! Nous laisserons-nous voler notre Empereur ! JAMAIS !

La foule avait crié avec lui et il savait qu'il avait réussi à la gagner. Il continua donc :

- L'assistanat, la confiscation des terres, des propriétés et des richesses, la baisse des crédits militaires, la laïcité, la remise en cause de l'inviolabilité et de la sacralité de Sa Majesté que nous promettent les modérés... à tout cela nous disons non ! Nous défendrons toujours l'Église, la foi, la famille, l'ordre, le mérite, la propriété, l'esprit d'entreprise, le patriotisme économique et, par dessus tout, Sa Majesté l'Empereur ! Vive l'Empire et vive l'Empereur !

Le succès semblait total. Les conservateurs faisaient une bonne campagne. Mais cela serait-il suffisant face à l'armada modérée qui fonctionnait à plein régime depuis des semaines ?