L'appel à voter pour l'Union de Modérés sur le docks du port d'Ecosient

A l'appel de dirigeants locaux de l'Union des Modérés, un attroupement s'était formé au cours de l'après-midi sur les docks, en ce 2 Antonine 2715. Quelques notables, des petits patrons aussi bien que de simples commerçants étaient là, parmi les marins et tous les autres travailleurs du port d'Ecosient. Le lieu de la rencontre avait été choisi avec soin puisqu'il rassemblait ici la plus grande proportion d'ouvriers de la Préfecture ; avec sa taille de plusieurs dizaines d'hectares le port d'Ecosient était le plus vaste de l'Empire et sûrement le plus grand port commercial du Continent Nord.

Guilhem d'Hartigues avait été officialisé candidat pour l'Union des Modérés au cours du Congrès d'Origodes, voilà près de dix jours. Depuis, il allait officieusement de dîners en soirées mondaines, de visites d'exploitation en rencontres de clubs privés. La Préfecture d'Ecosient n'était pas à négliger puisque l'Union des Modérés était très bien créditée par les instituts de sondage qui essaimaient çà et là. Dès lors, il fallait tout faire pour conserver cet avantage qui s'avérerait peut-être décisif pour la majorité au Sénat. Mais aujourd'hui, c'était officiellement le premier jour de campagne et il avait décidé de s'adresser aux employés portuaires.

Interpellé sur les conditions de travail ne cessant de se dégrader et sur les accidents dont on faisait l'écho à travers le pays et notamment des mineurs de Veledris, Guilhem se trouvait obligé de défendre les positions économiques et sociales du programme de l'Unimod, comme certains avaient coutume d'appeler le parti de l'Archichancelier de l'Empire.

" Messieurs, croyez bien que l'on se soucie des millions de travailleurs de notre pays et que nous n'avons pas voulu un programme qui soit populiste ou électoraliste mais réaliste. Nos propositions sont ouvertement une épine dans le pied des partis conservateurs qui pensent qu'ils peuvent vous utiliser à loisir, comme si vous étiez les serfs des rois d'Ancien Régime.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, l'Union des Modérés veut abaisser les journées de travail à 10 heures pour les hommes et 8 heures pour les femmes et les enfants, tout en vous permettant d'avoir un salaire minimum de 72 sesterces par mois. Par la même, nous souhaiterions qu'un droit à une semaine de congés payés par l'entreprise par année de travail effectué soit obligatoire pour TOUS les travailleurs. "

Des applaudissements et des félicitations fusaient de toute part. Conforté, Guilhem d'Hartigues reprit de plus bel :

" Pour vous aider, l'Union des Modérés veut permettre de favoriser le droit de coalition pour les travailleurs ainsi que de créer un cadre légal en faveur de sociétés de coopération agricole, ouvrière ou de crédit. Cela vous concerne directement puisqu'il s'agit de la possibilité de prendre votre propre destinée en main ! Vous pourriez travailler pour vous et non plus pour quelques rares privilégiés.

Enfin, pour cesser la spéculation éhontée sur les matières premières, l'Union des Modérés réclame un blogade des prix sur une liste définie de produits dont les céréales, le lait, le bois de consommation ou bien encore l'huile.

Mais tout cela ne sera possible que si vous nous soutenez activement et que vous participez entièrement à ces élections qui sont vos élections. La guerre et les sacrifices sont derrière nous, il faut que vous, les travailleurs, preniez désormais l'avenir de la patrie en main ! "

Le programme du parti visait spécifiquement tous les ouvriers, tous les travailleurs qui avaient oeuvré au prix de milliers de vies pour faire entrer le Belondor dans l'ère industrielle et rattraper son retard sur d'autres puissantes nations du Continent Nord.
Ce lourd tribut devait aujourd'hui être remboursé pour le bien de la Nation et au nom de la justice sociale, si tant est que le terme pouvait avoir une quelconque résonance parmi les élites du pays.