Réception de Son Excellence l'Ambassadeur extraordinaire de Belondor en Skotinos

Pendant toute la journée de l'Imperodine, le personnel s'était affairé à vêtir l'hôtel particulier dans lequel se trouvait l'Ambassade de ses plus belles parures. La salle de réception s'était couverte des couleurs de l'Empire : les murs blancs réhaussés d'or avaient accueilli des rideaux bleu et rouges, tandis que les tables étaient recouvertes d'immenses nappes vertes. Les centres de table reprenaient tout ces tons de couleur et harmonisaient un peu plus la décoration, sobre mais extrêmement raffinée, à l'image des cheminées en marbre noir ainsi que des bustes des Empereurs de Belondor dont celui de Nabelnine II, surplombant la salle. Partout on astiquait, brossait, lustrait et nettoyait marbres, parquet, tapisseries, parquet et miroirs. L'immeuble devait être aussi propre et resplendissant qu'un sou neuf et même les jardiniers avaient été mis à contribution pour colorer les lieux, fusse dans la pénombre et grâce à l'éclairage de quelques lampions. C'était à Madame Annie de Jafien qu'était revenue la supervision de toute cette réception, en véritable maîtresse de maison.

Quant à lui, son époux s'était fait donner quelques leçons sur la situation géopolitique d'Abelecon ainsi que des récentes évolutions dans le reste du micromonde. Il venait ainsi d'apprendre que le Crasselande venait d'envahir une zone litigieuse revendiquée par la semi-république que l'Empire russlave ; pour sûr, son collègue Bernard de Vrillet ne manquerait pas de rappeler à la conférence des nations la position du Belondor.

Il accueillit les musiciens de l'orchestre impérial aux alentours de quinze heures, ces derniers devant répéter dans la salle de musique ; pièce à l'acoustique surprenante puisque le plafond était celui du second étage de l'hôtel ; il s'agissait en fait d'une pièce volumineuse par la hauteur et pour accéder à son étage, il suffisait de prendre le double escalier monumental en marbre pour déboucher sur une circulade d'où l'on pouvait admirer l'orchestre qui se représentait quelques mètres en dessous.
Dès lors, le maître des lieux ne put s'empêcher de prendre place en hauteur pour écouter les répétitions, au grand dam de son épouse qui souhaitait qu'il enfile son costume de soirée et se tienne prêt à recevoir les premiers invités.

Assurément, l'Ambassade avait veillé à émerveiller ses hôtes et à démontrer que même à plusieurs milliers de kilomètres, l'Empire demeurait le Phare du Micromonde.

De mème, ivant était présent, et discutat beaucoup du bélondor avec l'ambassadeur...

Son Excellence Alban de Jafien pouvait se vanter de nombreuses choses : il maîtrisait de nombreuses langues, disposait de connaissances géographiques et géopolitiques plus qu'importantes et appréciait par-dessus tout l'élégance, ce qui faisait de lui un homme d'intérieur des plus enviables. A l'approche de la Légate abaleconienne, il n'eut pas besoin de discuter avec elle pour livre l'histoire de sa vie, écrite sur sa tenue. Assurément, c'était une femme non seulement belle mais aussi extrêmement puissante et influente. Il se dégageait d'elle l'autorité naturelle de toute femme abaleconienne et n'avait pour ainsi dire, pas besoin de faire tomber le voile pour s'en rendre compte.

Comme d'usage dans le protocole belondaure, ce fut Madame de Jafien qui salua en premier la Légate, laissant à son mari le soin d'un baise-main plus gestuel que tactile puisqu'à aucun moment il ne toucha la jeune femme. Accueillant ses salutations et ses présents avec un sourire honoré, Albain répondit :

" Excellence, nous vous remercions d'avoir répondu à notre invitation et d'avoir fait le déplacement jusqu'à l'Ambassade. Rassurez-vous, vous n'êtes pas en retard et je dirais même que vous êtes parfaitement à l'heure. Merci également pour ces délicates attentions et soyez rassurée, la cuisine alaïenienne est elle aussi épicée ; nous avons pris l'habitude de cette cuisine lorsque nous nous trouvions dans la colonie impériale ; dès lors cela ne pourra que rajouter un peu plus de bouquet à un exotisme déjà prononcé. "

Annie de Jafien récupérant le tout convia la Légate et l’eunuque à la suivre tandis que son mari accueillait un banquier skotinoèque qui venait d'arriver à son tour.


Peu après la représentation de l'Orchestre symphonique et avant que tout ne monde ne passe à table, Son Excellence l'Ambassadeur ne put s'empêcher de s'arrêter échanger quelques mots avec l'Intendant de Syrdovie. Au cours de la conversation et lorsqu'il en trouva l'occasion, il ne put s'empêcher de lancer :

" Sa Sainteté le Grand Pontife Hans Turmwächter, représentant la Très Sainte Eglise Réunifiée Syiste d'Occident m'a sollicité pour savoir si je souhaitais disposer de la présence d'un représentant du culte syiste à l'Ambassade.

Je ne vous cache pas qu'il m'est difficile de ne pouvoir élever mes enfants dans notre foi, sans pouvoir compter sur la présence d'un officier du culte, mais malheureusement nous ne pouvons élargir les murs ici même ; malgré toute notre bonne volonté, employer des travaux pour y installer une chapelle s'avérerait onéreux et inefficace. Et par-delà mon cas propre, le personnel diplomatique pâtit lui aussi du manque de représentation cultuelle et malgré toute sa bonne volonté, nombreux sont ceux qui souhaitent pouvoir se rapprocher d'une autre ambassade mieux pourvue à ce niveau là. Nous avons actuellement près de quatre-vingt-dix personnes ici même.

J'en viens donc à solliciter votre avis pour savoir s'il vous semblerait possible que nous disposions d'un emplacement à Facilitae ou sur n'importe quel autre point du territoire skotinoèque où établir un lieu de culte syiste. Bien évidemment, nous nous chargerions de l'ensemble des travaux, aussi bien pour l'édification du bâtiment que de son accès en pavant les routes et en y faisant accéder de l'eau potable.

Par ailleurs, peut-être pourrait-il être possible d'y installer une école privée destinée à l'éducation des enfants de l'Ambassade. De plus, des enfants skotinoèques pourraient aussi bénéficier de cours de lecture, d'écriture et d'instruction scientifique, cela pourrait aller dans le sens d'une aide de l'Empire de Belondor pour l'accès à la connaissance. J'ai cru comprendre que l'instruction était au coeur des campagnes électorales à venir. "